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Interview de Jane Evelyn Atwood

11/02/2021 - 7 minutes
Workshops
Toulouse

30 ans d’intervention à la section photo de l’ETPA

Fêtant cette année, ses 30 ans d’intervention à l’ETPA, Jane Evelyn Atwood est une fidèle de l’école. Chaque année, nos étudiants ont ainsi l’honneur de l’accueillir et de découvrir le parcours professionnel de cette photographe franco-américaine.

Tel un passeur de relai, Jane Evelyn Atwood vient raconter les différentes étapes de sa carrière de photographe, de ses débuts, 19 rue des Lombards, jusqu’à aujourd’hui.

La rue des Lombards c’était mon ETPA

Entretien avec Jane Evelyn Atwood

  • Que souhaitez-vous transmettre lorsque vous venez raconter votre parcours aux étudiants de l’ETPA ?

La passion ! Mais aussi l’expérience. Ça fait longtemps que je fais de la photographie ; j’ai appris de mes erreurs et je leur transmets cela en espérant qu’ils pourront être avertis plus rapidement que je l’ai été. Je suis contente de pouvoir les aider et les inspirer en partageant mon vécu.

Je souhaite également leur faire prendre conscience de la difficulté qu’il y a à être photographe. Car même si c’est une passion, ce n’est pas facile. C’est compliqué de devenir photographe, quelle que soit l’époque, et il n’y a pas de mode d’emploi. Selon moi, être photographe est quelque chose qui vient du cœur, des tripes. Il faut que ça soit une passion. Et surtout, il faut avoir quelque chose à dire.

 

  • Quel est, selon vous, le plus important lors de l’apprentissage de la photo ?

Avoir une base technique suffisante pour être capable de faire de la photographie sans penser à la technique.

Lorsque l’on conduit une voiture manuelle : on conduit sans penser aux changements de vitesse, on fait ça de manière automatique et l’on regarde uniquement ce qui vient vers nous. Pour moi, il en va de même en photographie. Evidemment, c’est plus facile aujourd’hui, grâce au digital. La technologie du numérique permet d’avoir une marge d’erreur bien plus grande qu’à mes débuts. Lorsque j’ai commencé la photographie, il fallait être précis sur la lumière, sinon on pouvait jeter le diapositif. De la même manière, il fallait décider dès le départ si l’on souhaitait travailler le sujet en noir et blanc ou en couleur. Aujourd’hui la question ne se pose plus puisque l’on peut changer cela après la prise de photo.

 

  • Justement, vous qui travaillez le noir et blanc, mais aussi la couleur ; diriez-vous que la façon d’aborder le travail est différente en fonction du choix qui est pris ?

Complètement ! Pour moi, le sujet va demander d’être fait en couleur ou noir et blanc. Pour mes travaux personnels, ce n’est pas moi qui décide, c’est le sujet qui l’impose. Même s’il est vrai qu’à mes débuts je travaillais en noir et blanc parce que cela était moins cher que la couleur.

 

  • Vous qui parlez "d’obsession" pour les sujets que vous choisissez ; quand savez-vous que votre travail est terminé et abouti ?

Mon travail est très personnel, et chacun de mes sujets commence par une interrogation de ma part. En effet, lorsque je choisis un sujet à photographier, je ne le connais pas du tout. J’apprends à le comprendre en le photographiant. Au fur et mesure que je trouve des réponses à mes questions, d’autres interrogations s’imposent à moi. Et cela continue jusqu’à ce que je puisse apporter une réponse à toutes mes questions. Je dirais donc que j’ai fini lorsque je n’ai plus de question, lorsque j’ai travaillé le sujet de A à Z.

 Mais je pense que c’est surtout un ressenti. Il n’y a pas de moment exact où je me suis dit que j’étais arrivée au bout de mon travail ; c’est un feeling qui s’impose à moi. Je vous avoue que, même aujourd’hui, je ne suis pas sûre de moi. De ce fait, j’ai une tendance à rester longtemps sur mes sujets. Mais je ne pense pas que cela soit un défaut, car il est très important d’être en accord avec soi-même lorsque l’on décide d’arrêter un sujet.

 

  • Diriez-vous que la relation que vous avez avec vos sujets pourrait être comparable à une relation amoureuse ?

C’est toujours une relation d’amour. Et même si je suis triste lorsque j’arrête de travailler sur un sujet ; je ne leur dis pas Adieu. Je m’interdis de penser que je ne reviendrais jamais sur ce sujet car si je faisais cela, je serais alors bien trop triste d’arrêter. Et puis, de toute façon ce n’est pas comme cela que ça se passe. Par exemple, lorsque j’ai sorti mon livre sur les prisons (Trop de peines. Femmes en prison), j’ai eu plusieurs autres commandes sur l’incarcération.

 

  • On compare votre façon de travailler à celle d’un cinéaste. Pour vous, quelle est la différence entre le cinéma et la photographie ?

La grande différence est évidemment qu’avec le cinéma, ça bouge. J’adore le cinéma, et j’aurais pu tenter ma chance dans ce milieu, mais j’étais tellement occupée avec mes photos que je n’ai pas eu le temps d’essayer autre chose. Personnellement, je ne fais pas plusieurs choses à la fois. J’en suis incapable ! Et c’est donc pour cela que j’ai toujours fait de la photographie. Quand je travaille sur un sujet, je ne veux pas me disperser.

Toutefois je suis flattée de cette comparaison. Beaucoup de personnes m’ont dit que mon travail sur la Rue des Lombards était cinématographique, que cela soit à cause de la lumière, du manque de lumière ou même de l’ambiance. Cela me fait toujours très plaisir.

 

  • Pour vous, quelle est la qualité essentielle pour faire du photoreportage ?

L’honnêteté ! Il ne faut pas tricher ou faire de mise en scène. Le photographe doit photographier ce qu’il a devant les yeux. Et je pense que cela n’est pas négligeable car il faut arriver à le faire de façon à captiver le public.

Je dirais que la deuxième qualité essentielle est l’éthique, car je pense que, plus que toute autre sorte de photographie, on regarde le photojournalisme comme une sorte de vérité.

Pour exemple, la femme que j’ai photographié en train d’accoucher menottées. À cause de cette photo, l’on sait que c’est ainsi que cela se passait en 1996, aux USA. Et c‘est très important car cette photo a aidé à changer cette pratique.

Mais même si cela ne change pas, la photo est une preuve que cela existe et ça c’est primordial.

Personnellement, j’aime être considérée comme une photographe et non pas comme une photojournaliste ou une reportrice. Je trouve cela trop sectaire, et je tiens à ma liberté de photographe. J’aborde tel ou tel sujet selon ce que je considère nécessaire pour ce sujet, sans rester bloquée dans une case.

 

  • À quel moment vous êtes-vous sentie photographe ?

Cela est arrivé longtemps après mon premier travail, sur les prostituées. Je pense que j’ai pris conscience que j’étais photographe lorsque j’ai remporté le Prix W. Eugene Smith, même si lors de l’obtention de ce prix j’étais très anxieuse.

Je photographierai toute ma vie. C’est ce que je suis.

(Image à la Une, photo de Claude Truong-Ngoc)

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Etpa - Actualités
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[ALUMNI] Cloé Harent, Lauréate du Prix Tremplin Jeunes Talents

21 novembre 2024

Cloé Harent est née en 1998 dans le Sud-Ouest, fille de danseurs classiques, elle est immergée dès son enfance dans un univers où l’art est un moyen d’expression fondamental. Après une formation à l'ETPA de Toulouse, où elle obtient son diplôme en 2019, elle se distingue dès cette année-là par le Prix Spécial du Jury du Grand Prix ETPA. Depuis, sa carrière connaît une ascension fulgurante, marquée par une série de résidences et de distinctions qui la placent parmi les jeunes talents les plus prometteurs de sa génération. © Cloé Harent, Bruit Rose, Planches Contact 2024Bruit rose, Planches Contact 2024 © Cloé HarenUn tremplin vers de nouveaux horizonsCloé Harent a été récompensée par le Prix Tremplin Jeunes Talents du festival Planches Contact 2024 à Deauville. Le Tremplin Jeunes Talents de Planches Contact, qui permet à des photographes émergents de bénéficier d’une résidence à Deauville. Un prix décerné par un jury d'experts, présidé par la photographe Sarah Moon. Le travail de C. Harent a captivé les membres du jury, qui ont salué sa capacité à saisir, avec poésie et sensibilité, les liens subtils entre l’Homme et la nature. Une série inédite intitulée Bruit rose qui révèle la richesse fragile des écosystèmes littoraux normands, en particulier ceux des estrans, ces zones de transition entre terre et mer.En capturant ce monde microcosmique souvent négligé, Cloé Harent invite le spectateur à une contemplation de la biodiversité, tout en soulignant la fragilité de cet équilibre naturel. Les estrans apparaissent comme des espaces poétiques où la vie, dans sa plus petite forme, lutte pour subsister. Son regard attentif transforme ces éléments en une exploration sensorielle, où chaque image semble suspendue dans le temps. En outre, le prix Prix Tremplin Jeunes Talents offre une nouvelle résidence de création pour Cloé au Festival InCadaques en 2025.  Bruit rose, Planches Contact 2024 © Cloé HarenUne démarche intuitive et sensibleLors de sa résidence à Deauville, elle raconte l’émerveillement qu’elle a ressenti face aux coquillages et autres objets laissés par la mer. Sa série Bruit rose est une œuvre qui invite à réfléchir sur l’impact du temps et des marées sur la vie maritime et la biodiversité locale. Elle propose une approche attentive sur les traces que l’Homme et la nature laissent sur notre environnement.Le jury de Planches Contact n’a pas manqué de souligner la singularité de son travail, décrivant l’approche de C. Harent comme une invitation à découvrir un « Deauville de l’infiniment petit, où mollusques, lichen, anémones » se révèlent dans toute leur beauté. Cloé Harent choisit de se concentrer sur les traces minuscules laissées par les marées : coquillages, algues, et autres débris organiques que l’océan dépose sur la plage. Ces fragments, que la mer rejette et que le temps façonne, deviennent les témoins d’une vie invisible.  Bruit rose, Planches Contact 2024 © Cloé HarenUn regard neuf sur le monde vivantÀ travers son travail, Cloé Harent propose un regard neuf sur le monde vivant, où l’intuition et la sensibilité sont les clés pour appréhender la beauté fragile de notre environnement. Bruit rose est un hommage photographique à la puissance et à la fragilité de la nature. Sa démarche sensible, fondée sur la contemplation, nous invite à découvrir les richesses cachées de notre planète.Le travail de Cloé Harent rappelle que l’art, par sa capacité à révéler l’invisible, a un rôle essentiel à jouer dans la prise de conscience environnementale. Sa capacité à capturer la poésie de la nature et à créer un dialogue visuel entre l’Homme et l’environnement, fait d'elle une des artistes à suivre de près dans les années à venir.  

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