Une trajectoire artistique affirmée
Originaire de Bretagne, Akeline Le Gal débute son parcours par un baccalauréat professionnel Métiers de la mode et du vêtement suivi d’une licence en arts plastiques à l’Université Rennes 2. Cela lui aura permis « d’explorer de nombreuses disciplines artistiques, toutes plus riches les unes que les autres » selon ses mots. Akeline estime par ailleurs avoir en partie hérité de la sensibilité artistique de ses parents avec une attention toute particulière aux formes, aux matières et aux récits intimes.
C’est avec un simple appareil numérique familial qu’elle s’essaye à l’autoportrait et initie ainsi sa passion de la photographie. Poursuivant son cursus en se perfectionnant à l’ETPA, elle suit le cursus de praticienne photographe et intègre par la suite l’atelier d’approfondissement. Mention spéciale du jury 2025, Akeline décrit ses années à l’ETPA comme une occasion inédite d’explorer, de tester, de se tromper et d’affiner son regard : « J’ai vécu l’école comme un terrain de jeu, un laboratoire d’idées où j’ai pu repousser mes limites et donner forme à mes intuitions artistiques, tout en développant des projets plus construits et collectifs. »
Le travail d’Akeline Le Gal s’incrit dans une démarche de photographe plasticienne a l’univers riche et inventif : « J’aime expérimenter, détourner les outils classiques, et faire dialoguer la photographie avec d’autres disciplines comme la 3D, des archives ou la scénographie. Je m’intéresse aussi à des manières alternatives de produire des images, parfois sans appareil photo, en croisant les techniques. Usée des artifices me plaît, une de mes premières références artistiques marquantes a été Cindy Sherman. »
L’image explore les sens
L’audace photographique d’Akeline s’illustre plus particulièrement à travers deux de ses séries phares. Tout d’abord, Biocénose est une proposition visuelle pluridisciplinaire où se mêlent photographie, 3D, scénographie et direction artistique. Construire un univers pensé comme un écosystème tel était le défi d’Akeline. La jeune photographe réalise elle-même les sculptures pour les décors : coraux, dômes d’herbes, fleurs, stalagmites en jouant avec les textures et matériaux tels que le sable, le tissu, le fer, etc. Les arrière-plans quant à eux sont entièrement modélisés en trois dimensions. Véritable shooting ambitieux, c’est le résultat de la collaboration d’une quinzaine de professionnels : costume designers, modèles, make-up artists, hair stylist, nails artist stylists…. Ces photographies repousse les limites du médium photographique en l’envisageant en termes d’espace, de corps et de collaboration.
De son côté, Vibrations Mécaniques conjugue art et science : à l’aide d’une table de Chladni, elle capte les photogrammes de fréquences sonores, qu’elle associe à des portraits de personnes sourdes ou malentendantes. Akeline imagine son shooting tels des protocoles visuels, cherchant à matérialiser des phénomènes invisibles ou imperceptibles. « C’est un projet en perpétuel mouvement qui continue à grandir avec moi. » Résultat d’un projet à la fois personnel et évolutif, la série en noir et blanc est réalisée à l’Hasselblad. Son approche questionne ainsi la perception sonore et rend visible l’imperceptible.
Une démarche expérientielle et collaborative
Chaque projet nourrit le suivant, qu’il s’agisse de pop-ups (La Joutiya, juin 2025) où elle décore le DJ set à partir des éléments créés pour Biocénose, aussi exposé, à l’occasion, et un extrait de Vibrations Mécaniques ou encore de publications (Toulouzinzine, n° 2). La photographe de talent souhaite à présent poursuivre dans une photographie résolument tournée vers la nouveauté : « Je souhaite poursuivre ma démarche plasticienne, en conservant une approche expérimentale, hybride et ouverte aux croisements entre disciplines. Je veux créer des narrations visuelles, qu’elles soient fixes ou en mouvement. La direction artistique est un domaine qui m’attire, j’aime cette capacité à rassembler des imaginaires autour d’une vision cohérente et sensible. »
© Cécile Domenech