La série Les Filles d’ici — Celles qui n’ont pas peur du calme d’Anaïs Ondet offre un portrait sensible et documenté des jeunes filles des territoires ni tout à fait urbains, ni entièrement ruraux. L’exposition visible aux Franciscaines à Deauville jusqu’au 4 janvier, est issue d’une résidence à Planches Contact 2025, un travail où l’image interroge les identités et l’avenir.

Regard & territoire loin des cartes postales

Les Filles d’ici, loin d’une simple promenade esthétique dans la campagne normande est une enquête à hauteur de jeunes vies. Les images, nées d’une résidence au festival Planches Contact, plongent le spectateur dans ces « zones interstitielles » : ces entre-deux où la ville se délite en petits bourgs et où la campagne porte la lenteur comme une évidence. L’accrochage invite à lire la région à travers des instants qui conjuguent quotidien et aspiration.

« En arrivant en Normandie, ce qui frappe c’est le calme. La stabilité de la mer, le son sourd du sable, le vert impassible des bocages, les ciels doux et laiteux. Dans cette tranquillité apparente, j’ai choisi de partir à la rencontre des filles du coin, celles des campagnes et des petites villes, celles qui n’ont pas peur du calme. Partir à leur rencontre c’était l’occasion de découvrir un territoire, de l’arpenter grâce à leurs récits et leur quotidien. Les découvrir c’était une manière de comprendre les enjeux socio-économiques et les temporalités de ces lieux, ces zone interstitielles. Mais c’était surtout une manière de comprendre comment les filles d’ici grandissent et se construisent. », explique Anaïs Ondet sur son Instagram.


Temps, intimité et respect

« Le monde rural et les territoires d’entre-deux occupent une place centrale dans le travail d’Anaïs Ondet. Après les avoir parcourus tout au long de son enfance et de son adolescence, ils sont devenus le sujet principal de son investigation photographique. Animée par la volonté de témoigner avec justesse de ces espaces, la photographe prend le temps d’y poser son regard, privilégiant les rencontres et les échanges sincères, loin des clichés et des représentations fantasmées. Dans le cadre de cette résidence, elle poursuit cette démarche à travers Les filles du coin, un projet documentaire qui s’intéresse aux jeunes filles vivant dans ces zones intermédiaires — ni tout à fait urbaines, ni entièrement rurales. Cette recherche photographique s’attache à saisir leur quotidien, leurs questionnements identitaires et leurs aspirations à construire un avenir dans ces territoires souvent oubliés. » selon le descriptif de la série Les filles d’ici.

Anaïs Ondet fait le pari d’une approche documentaire par son ambition (témoigner des réalités socio-économiques de ces territoires) et poétique par sa forme (images qui laissent respirer silence et matière). Sa pratique privilégie la rencontre prolongée avec des échanges qui autorisent la pudeur plutôt que l’exotisation et une attention aux temporalités locales. Le résultat est un ensemble de portraits qui n’enferment pas mais questionnent, des détails qui font sens (paysages domestiqués, gestes quotidiens, regards en suspension). Ce mélange de retenue et d’attention rejoint les préoccupations qui traversent l’ensemble de son œuvre, entre écologie, mémoire et rapport à l’image.

Anaïs Ondet, héritière d’une photographie engagée

Née en 1997 à Toulouse et diplômée de l’ETPA en 2018 avec un Prix spécial du jury, Anaïs Ondet s’est différenciée en abordant les enjeux ruraux, les préoccupations environnementales et l’intimité documentaire. Ses séries exposées en France et à l’étranger (Photaumnales, ImageSingulières, Mesnographies, Alliance Française de Malaga, entre autres), témoignent d’une pratique plurielle allant du portrait à la série plus conceptuelle, toujours traversée par une exigence éthique. Les Filles d’ici prolonge et affine ce travail : moins manifeste qu’un manifeste, plus nécessaire qu’une simple galerie d’images.

L’exposition est visible aux Franciscaines à Deauville jusqu’au 4 janvier.

En savoir plus sur Anaïs Ondet : découvrir son site internet et son compte Instagram.