Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours photo ?
J’ai découvert la photographie un peu par hasard, alors que je débutais un master en théorie de la littérature à La Sorbonne. Mon père m’a proposé de l’accompagner à Paris Photo grâce à un billet en trop, et cette visite a été un déclic : j’ai réalisé que des images simples pouvaient avoir autant — voire plus — d’impact que celles produites avec des moyens considérables. Après avoir validé mon master à La Sorbonne, j’ai choisi de me consacrer pleinement à la photographie et j’ai intégré l’ETPA directement en troisième année.
Quels apprentissages retiens-tu ?
L’école, et en particulier l’encadrement de Philippe Grollier, m’ont permis de gagner en confiance, d’affiner mon regard, et de développer à la fois des références photographiques solides et des compétences techniques essentielles. Mon parcours littéraire, marqué par des classes préparatoires Hypokhâgne et Khâgne, puis une tri-licence (anglais, lettres, histoire) à Bordeaux, a profondément nourri ma sensibilité artistique. Mes expériences personnelles, tout autant que mes études, enrichissent aujourd’hui ma pratique. Après un mémoire sur la relation entre le corps et l’espace chez Marguerite Duras, je poursuis une exploration de la porosité entre littérature et photographie. Cette recherche prend notamment forme dans De(s)corum, une série photographique qui propose une poétique de la ruine.
Comment définirais-tu ton style photographique ?
J’aime beaucoup les photos qui racontent une histoire, qu’elle soit implicite ou explicite, c’est la narration qui m’intéresse. J’aime la poésie, la délicatesse d’une atmosphère. À terme, j’aimerais travailler dans le monde du cinéma. Pour moi, la photographie est une école précieuse : elle m’apprend à composer un cadre, à jouer avec la lumière, à diriger une scène. J’ai intégrée l’ETPA en 3ᵉ année et l’accompagnement de Philippe Grollier m’a permis de progresser rapidement.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Parmi les artistes qui nourrissent mon regard, je me sens proche du travail de Claudine Doury, Ayaka Yamamoto, Rafaelle Lorgeril, Yohanne Lamoulere, Federica Belli, Gregory Crewdson ou Tamara Dean. Leur univers, souvent narratif, intime ou onirique, résonne profondément avec ce que je cherche à créer.
Je m’inspire autant de livres, de chansons que de ce qui se passe autour de moi. L’actualité peut être un point de départ, tout comme un lieu aperçu par hasard. Il m’arrive de découvrir un endroit et de sentir immédiatement qu’une image peut y naître. Dans ces cas-là, je prends le temps de réfléchir à ce que je veux raconter, puis je construis autour : lumière, modèle, stylisme. Parfois, c’est l’inverse : je pars d’un personnage ou d’une émotion et je cherche le lieu qui lui correspond.
Peux-tu nous décrire un shooting photo marquant ?
Un des shootings qui m’a le plus marquée, c’est ma première séance en urbex pour mon projet De(s)corum, avec les personnages de Phèdre (Anaïs) et Médée (Marie-Léa). On avait trouvé un lieu vaste, abandonné, et on a décidé d’en profiter pour faire deux prises de vue dans la même journée. Il fallait aller vite tout en étant très prudent. C’est à ce moment que j’ai compris l’importance d’écouter mon instinct, d’être rapide, efficace, sans perdre de vue l’essentiel.
J’ai eu la chance d’avoir une très bonne équipe avec moi, ce qui était capital pour que l’expérience se déroule bien. Malgré la concentration et le devoir d’efficacité, j’en garde un souvenir très joyeux.
As-tu des expositions ou actualités à nous partager ?
Ce projet m’a également menée jusqu’au château de Bonrepos-Riquet, près de Toulouse, où j’ai la chance d’exposer mes images depuis juin 2025 jusqu’à aout 2025. Un lieu en parfaite résonance avec mes prises de vue autour de l’esthétique délabrée. J’ai aussi eu l’honneur d’être publiée deux années consécutives dans le magazine PHOTO, en janvier 2024 et janvier 2025. Ces expériences m’encouragent à continuer d’explorer cette photographie sensible, narrative, où chaque détail compte.
Que peut t-on te souhaiter pour l’avenir ?
Je souhaite poursuivre les séries personnelles initiées à l’ETPA, en développer de nouvelles, tout en répondant à des commandes. Je m’intéresse également de plus en plus au monde du cinéma, en particulier aux métiers liés à l’image, tels que celui de chef opérateur et les enjeux liés à la lumière.

