Entre mémoire et identité : le regard sensible de Louisa Ben
Née à Toulouse en 1996 et formée à l’ETPA, Louisa Ben s’impose aujourd’hui comme une figure montante de la photographie documentaire franco‑marocaine. Installée à Paris, elle explore avec patience et finesse la mémoire géographique et la construction identitaire, interrogeant constamment le rapport des individus à leur environnement. Après des premiers reportages pour la presse (M Le magazine du Monde, Le Monde, El Pais…), elle a enrichi ses projets personnels de l’angle social, centrant ses travaux sur les portraits d’adolescents et de jeunes adultes. Lauréate du mentorat de l’agence VU soutenu par le Fonds Régnier en 2021 et de la bourse « Création en cours » des Ateliers Médicis en 2022, Louisa Ben a également bénéficié du programme de résidence Banlieues Plurielles, qui lui a valu une exposition au Musée de l’Histoire Vivante de Montreuil—des jalons cruciaux qui ont façonné son regard et affiné sa pratique.
Buenaventura sous l’objectif, Louisa Ben à l’honneur
Ce week‑end, à l’occasion de la huitième édition du festival « Les Femmes s’exposent » à Houlgate, Louisa Ben a reçu la prestigieuse Bourse de Création Émergente 2025 pour sa série Si dios quiere . Documentant la vie des jeunes de Buenaventura, l’une des villes les plus violentes de Colombie, cette série fait écho à son engagement social et son exigence esthétique. Le jury, composé de professionnels tels qu’Amandine Bouygues (Fonds Régnier), Anne Degroux (Les Femmes s’exposent), Victor Gassmann (PICTO), Julie Glassberg et Muriel Panel (Porosus), a salué sa capacité à révéler un quotidien a priori invisible, tout en soulignant la force narrative de ses portraits. Soutenue par le Fonds Régnier pour la Création, le Fonds de dotation Porosus et Les Femmes s’exposent, cette bourse propulse Louisa Ben au cœur des talents émergents de la photographie documentaire, ouvrant de nouvelles perspectives internationales à son œuvre.
Synopsis de la série « Si dios quiere » par Louisa Ben
« « Si dios quiere » prend place à Buenaventura, l’une des villes les plus violentes de Colombie. Nichée sur la côte Pacifique, elle abrite le plus grand port du pays et attire les convoitises de différents groupes armés qui se disputent le territoire. Épuisés de compter leurs morts, un groupe d’habitants s’est constitué pour créer un espace de paix. Cette zone existe depuis 2014 et ici cohabitent au quotidien populations civiles et forces armées.
A travers « Si dios quiere », je m’attache à mettre en image la vie quotidienne de ses habitants, qui vivent dans ce huit-clos, mais qui leur permet paradoxalement de reconstruire un quotidien dans un espace de liberté. Je m’intéresse principalement aux adolescents et jeunes adultes qui y grandissent.
Documenter le chemin vers la paix, dans ce territoire du Pacifique, révèle les enjeux géopolitiques auxquels fait face la Colombie meurtrie par plusieurs décennies de conflits internes. L’espace de paix de Buenaventura apparaît comme le témoin de cette lente reconstruction, à travers le prisme de ses adolescents, qui incarnent l’espoir d’une paix durable. »