Une passion partagée des sports automobiles
Originaire des Hauts-de-France, Victor a grandi avec deux passions : les voitures et la technologie. “J’étais très attiré par le côté technique des choses“, déclare t-il. Il passait des heures à analyser matériel informatique et caméras pour comparer chaque détail. Cette passion des sports mécaniques lui est transmise par son père avec lequel il regardait les courses de Formule 1, le dimanche. Les circuits, les calendriers des courses et les magazines de F1 nourrissaient ainsi son rêve. Lorsqu’il est en CP, l’infirmière scolaire lui demande ce qu’il veut faire plus tard, il répond sans hésiter : “pilote de F1“. À la fois fasciné et impressionné, il devient alors amateur de circuits électriques (slot car racing type Scalextric) et de pilotage sur console. La découverte d’une maladie cardiaque freine cependant son ambition, sans éteindre la passion pour l’univers automobile.
Sans se décourager et avec l’envie de vivre sa passion pleinement, il voit sa première course à l’occasion des 24h du Mans avec son père en 2014. Il s’en souvient comme d’un “week-end complètement extraordinaire” et reconnaît y avoir eu un “déclic” pour se donner les moyens de travailler dans ce domaine. Plus tard avec un ami il se donne l’objectif d’aller voir une course de F1 avant la fin de la classe de première. C’est chose faite lors du Grand prix de F1 de Spa Francorchamps et la même année, il retourne aux 24h du Mans avec son paternel. “C’était génial car je pouvais vivre toutes mes passions en même temps et je savais qu’il y avait une possibilité d’en vivre”, raconte t-il.

Au lycée, une option cinéma audiovisuel lui offre sa première approche sémiologique de l’image. Après quelques courts métrages scolaires, Victor a un déclic pour l’image fixe : la photographie. Son choix se porte naturellement vers l’ETPA où il suit la formation de praticien photographe. “Étant de nature très curieux, quand je ne travaillais pas pour mon dossier, j’aimais beaucoup suivre ce que faisaient mes camarades et c’était avec plaisir que je venais les aider. [….] Je trouve ça très important de regarder ce qui se fait à côté. En plus de partager de bons moments, c’était aussi un partage de connaissances, d’idées et d’expériences.” Ces années d’école avec des enseignements sur les techniques, l’histoire de la photographie, la sémiologie de l’image, posent les bases d’un regard à la fois précis et curieux, accompagné par des professeurs mentors comme Stéphane Redon et Philippe Grollier.
Chercher les invisibles des paddocks
Sur circuit, Victor Verbrugghe se révèle autant photojournaliste que portraitiste. Son travail mêle un style documentaire pour l’action à une démarche plus intime lorsqu’il erre dans les coulisses de ces compétitions sous pression. Il s’épanouit sur les circuits, en photographiant non seulement les bolides de course et les trajectoires, mais surtout les personnes de l’ombre qui rendent la course possible : techniciens, commissaires, équipes de sécurité. Ces sujets, souvent négligés, deviennent sous son objectif des personnages centraux ; un chef de chantier reconnaissant lui avouera même n’avoir « jamais vu personne s’intéresser à eux » ce qui procurera à l’alumni de l’ETPA “une grande gratitude“.


Victor repère, parfois la nuit ou en trottinette électrique, des scènes discrètes et s’y attarde. Ces lieux sont pour lui aussi “magiques” que “contraignants” à photographier. Sa série Safety First, centrée sur les commissaires, traduit cette éthique de montrer ceux qui s’assurent que la course ait lieu. Autre marque de sa démarche : l’usage de l’argentique avec un Hasselblad pour Track Limits, projet qui mêle technique classique et recherche formelle, donnant à ses images une matérialité intemporelle. Ce mélange de démarche documentaire et de portraits humanise un univers souvent perçu comme uniquement mécanique.
Vers la pole position des photographes de circuits
L’exigence de l’année d’approfondissement photographique marque pour Victor la transition entre l’école et la scène professionnelle. Son challenge le plus formateur reste ainsi pour lui le déplacement de trois week-ends consécutifs au Portugal : quatre sujets à gérer en parallèle, équipes internationales, contraintes linguistiques, et la pression de produire des séries distinctes dans le même lieu. Il dira à ce propos : “J’étais à des endroits inconnus, je ne parlais pas un mot de portugais et j’étais avec des personnes que je ne connaissais pas qui viennent des quatre coins du monde. En plus de ça, je partais avec toutes mes idées de projets que j’avais à réaliser dans un temps limité, mais impossible de savoir si ça allait fonctionner.” Son statut d’étudiant lui facilite alors l’accès aux accréditations pour les circuits et favorise de ce fait les rencontres. Et c’est d’ailleurs au cours de ce voyage qu’il décroche son premier client, preuve que son travail trouve déjà écho dans le monde professionnel.

Aujourd’hui, Victor souhaite poursuivre dans le sport automobile, renforcer ses reportages auprès de pilotes et d’équipes, développer davantage Safety First et étendre Track Limits, idéalement en conservant l’approche argentique. Sa stratégie est pragmatique, constituant un portfolio solide, varié et crédible pour démarcher des clients et multiplier les accréditations qui ouvrent l’accès aux coulisses. Le fil conducteur reste identique : le défi de rendre visible l’humain derrière la machine !
