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Workshop avec Yann Rabanier

29/01/2021 - 7 minutes
Workshops
Toulouse

Yann Rabanier, lauréat du Grand Prix ETPA 2007, est venu aborder les portraits avec la section photographique. Pour cet expert du sujet, la photographie de portrait est avant tout une histoire de "bienséance entre le photographe et son modèle".

Leçon d'un portraitiste

Cet artiste portraitiste a souhaité que les étudiants prennent conscience de l’empathie nécessaire au métier de photographe. Faire des portraits nécessite de réaliser une photographie, sans en oublier l’humain devant l’objectif. Pour Yann Rabanier, si l’étudiant arrive à faire en sorte que la séance soit aussi agréable pour lui que pour son modèle, alors il réussira à amener des images fortes (ou moins neutres) que ce qu’il a pu faire jusqu’à présent.

Le premier jour du workshop, Yann a échangé avec les étudiants pour apprendre à les connaître, mais également pour qu’ils connaissent son travail. De ce fait, il n’a pas hésité à montrer les travaux réalisés durant sa formation à l’ETPA, mais aussi ses photographies en tant que professionnel, dont les loupés, afin de pouvoir expliquer son fonctionnement durant les prises de vues (avant et après), et permettre aux étudiants de désacraliser la chose.

 

Quelques mots avec Yann Rabanier

Quels conseils as-tu tendance à donner aux étudiants, durant tes workshops ?

C’est très variable car j’essaie de donner des conseils spécifiques à chaque personne.

Cette semaine, je leur ai conseillé de se débrider. La personne face à eux n’est pas une marionnette en bois que l’on modèle avec de la lumière. C’est bien plus et, au-delà de l’enveloppe, des choses se passent. La photographie de portrait induit d’aller vers l’intime, de chercher des points communs ou des différences qui permettront d’alimenter une discussion et des réactions qui peuvent être touchantes. Le portrait est, selon moi, une danse que l’on doit mener sans pour autant dominer. C’est mettre l’autre en avant sans s’effacer sur le plan de la direction. C’est trouver avec l’autre l’équilibre entre ce que l’on veut mettre dans une image et ce que l’on doit faire.

 

Qu’est ce qui est le plus important pour toi lors de l’apprentissage de la photo ?

La curiosité est primordiale car elle fait partie de l’apprentissage personnel.

D’un point de vue technique, je pense que la logique de la lumière est essentielle. Je trouve d’ailleurs qu’elle est de plus en plus complexe à faire comprendre, notamment depuis l’arrivée du numérique. Au fil des années et de mes interventions à l’ETPA, je me rends compte que les élèves ont de plus en plus de mal à voir ce qu’ils font. Ce qui est d’ailleurs très contradictoire puisque le numérique leur permet d’avoir instantanément le résultat sous les yeux.

Il est indispensable de réussir à regarder. Or, je trouve que ce regard devient de plus en plus rare. Il faut que les étudiants réussissent à voir ce qui ne va pas et ce vers quoi ils veulent aller.

 

Que retiens-tu de ta formation à l’ETPA ?

Me concernant, la formation à l’ETPA a été très bénéfique. J’ai appris énormément de choses. Mais j’ai l’impression que c’était une ère différente. Avec le numérique, la photo se fait de façon plus légère, de façon plus mécanique. Cette année a été la première où je me pose autant de questions entre l’argentique et le numérique.

En tout cas je trouve génial le fait de pouvoir venir rencontrer la nouvelle génération de photographes de l’ETPA, de retrouver mes anciens professeurs qui sont devenus des amis. C’est toujours un véritable plaisir et un honneur d’intervenir à l’ETPA, de faire partie des professionnels qui viennent ici.

Mes années de formation à l’ETPA ont été mes meilleures années étudiantes ; et intervenir ici chaque année est comme un petit pèlerinage, pour moi. 

 

A-t-il été facile pour toi d’intégrer le monde de la photographie ?

J’ai intégré le monde de la photo par chance. Cela s’est fait en deux temps, alors que j’étais encore en dernière année de formation à l’ETPA.

Dans un premier temps, le journal Libération a fait appel à des étudiants en journalisme et en photographie pour un papier en 4ème de couverture. Ils ont donc appelé l’ETPA pour trouver un étudiant en photographie et ce fut moi. Mon travail leur ayant plu, j’ai continué de travailler pour eux par la suite. J’étais déjà très orienté portrait en arrivant en 3eme année.

Entre temps, nous avions eu un workshop avec Alain Duplantier, qui était l’intervenant de l’époque pour les portraits. Quelques temps après son intervention à l’école, il m’a appelé pour me demander si je pouvais faire un portrait à sa place dans un magazine car il n’était plus disponible pour le réaliser lui-même. Et tout a commencé ainsi.

Après cela, j’ai su que, pour mon dossier de 3ème année, je voulais réaliser un book efficace, me permettant de trouver du travail à la sortie de l’école. Je me suis donc consacré aux portraits de célébrités afin de pouvoir présenter mes travaux dans les rédactions sans avoir à préciser que j’étais fraîchement diplômé.

 

Comment t’imprègnes-tu de la personnalité de tes modèles, pour réussir à la faire transparaître à travers le médium photographique ?

Il faut de l’empathie pour faire ce boulot ! On est constamment en relation avec des gens.

Mais je ne cherche pas à m’imprégner de quelqu’un, je cherche plutôt la rencontre. Évidemment, cela dépend du portrait que l’on souhaite réaliser, mais personnellement je ne cherche pas à trouver exactement la personne que j’ai en face de moi. C’est plus une rencontre. Ce que je trouve intéressant ce sont les différentes façons dont l’on peut se comporter en fonction de la personne que l’on a en face. Lorsque je travaille, je m’imprègne du moment passé avec la personne. J’essaie de prendre en photo une rencontre, le souvenir d’un moment passé avec elle.

Je travaille sur l’échange ; je préfère la discussion au monologue.

 

Toi qui fais partie d’une agence, quel est leur avenir, selon toi ?

C’est un vaste sujet, notamment avec le ministre de la culture actuel qui dénigre la photographie. On passe en sous-catégorie dans l’art, dans sa représentation de l’art. J’adore l’opéra mais ce n’est pas pour autant que je classifie un art supérieur à un autre. Pour moi ce sont tous des supports pour faire vivre des choses aux autres par le biais de la catharsis. Il me paraît incompréhensible de sous grader un médium.

En l’occurrence, l’avenir des agences est un peu complexe. L’État subventionne les rédactions à hauteur de millions d’euros, mais cela n’empêche pas la plupart d’entre elles d’être en déficit. De ce fait, la plupart font appel à des agences comme MODDS pour leur acheter des images de célébrités et ainsi donner envie aux lecteurs. Toutefois, les vendeurs d’images ne sont pas forcément payés par les services de presse ; entrainant la fermeture de nombreuses agences.

Personnellement, je pense avoir de la chance car l’agence MODDS, dont je fais partie, se bat au quotidien pour valoriser les photographes dans la presse, pour défendre la photographie française ainsi que les droits d’auteur. Il faut être optimiste. L’agence MODDS c’est quand même Patrick Swirc et Jérome Bonnet ; des portraitistes qui font partie de l’écriture de la photographie française. Pour moi, il est inconcevable que cela périclite.

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[ALUMNI] Remise de prix ISEM 2023

20 mai 2023

La remise de prix ISEM 2023 a eu lieu ce samedi 20 mai au cinéma Comoedia à Sète !L'ETPA est associée depuis 2018 à ImageSingulières et Mediapart pour le prix ISEM. Ce prix est composé de 2 prix, le Grand Prix ISEM et le Prix Jeune Photographe ISEM. Les lauréats bénéficient du soutien d'ImageSingulières, de l'ETPA et de Médiapart pour leur projet photographique.Depuis 2018, la ville de Sète accueille le Festival ImageSingulières avec des photographes renommés. Le Grand Prix (ouvert aux photographes du monde entier) et le Prix Jeune Photographie (réservé au moins de 26ans, résidant en France) ont eu leurs lauréats dévoilés par l'organisateur même de cet événement, le directeur artistique, Gilles Favier. Lui-même ancien étudiant de l'ETPA.Le Grand Prix :Attribué à Javier Arcenillas, pour son travail "La Guarena".Ce prix, doté de 8 000 euros, permettra au photographe de développer et finir son travail.Lors de la prochaine édition d'ImageSingulières il sera exposé, et publié sous forme de portfolio par Médiapart.Javier Arcenillas, est un photographe espagnol, enseignant et pratiquant la photographie. Son travail explore une nouvelle forme de documentaire associant des portraits et des sténopés pour créer des images étranges, reflétant la notion du temps qui passe, ainsi que la précarité des habitants de la province de Zamora. Cette région est menacée par la désertification et la crise climatique.Je suis très honoré de recevoir ce prix. Je vous exprime ma satisfaction et ma gratitude, je vous remercie d'avoir reconnu mon travail, d'avoir récompensé mon projet par ce prix. Je suis vraiment très fier. Pour moi, cette récompense est très importante parce que travailler sur quelque chose qui est tellement personnel, mon propre territoire... C'est difficile. Toutes les grandes œuvres se trouvent dans des zones en conflit et certaines œuvres impliquent une poésie particulière, et j'ai essayé de refléter cela dans ce travail.Le Prix Jeune Photographe :Attribué à Ophélie Loubat, pour son travail "Yves et Ismaïl".Ce prix, doté de 2 000 euros, permettra à la photographe d'être publiée dans des portfolio sur le site Médiapart.Ophélie Loubat, née à Toulouse en 1999, elle aime travailler sur des sujets du quotidien, sur les relations familiales, et l'exil. Sa série "Yves et Ismaïl" est un travail délicat et intime qui met en lumière la relation père / fils bien que soixante années les séparent ainsi que le décès la mère d'Ismaïl.Je suis très heureuse de recevoir ce Prix, cela a été une vraie surprise à laquelle je ne m’attendais pas ! Grace à ce prix je vais continuer ce projet sur la monoparentalité, rencontrer d’autres familles dans différents endroits en France et différents profils. Je suis trop contente et c’est hyper motivant pour continuer. J’ai rencontré Yves et Ismaël, je les ai photographiés dans leur quotidien, leur relation père /fils, le rapport à l’âge (ils ont 60 ans d’écart) et l’absence de la mère (décédée). Aujourd’hui Ismaël est rentré au lycée, il prend son indépendance et son père qui retrouve son individualité.Vous avez pu y rencontrer deux de nos professeurs, Stéphane Redon et Philippe Grollier (responsable du cycle d'approfondissement Photographique).L'un de nos anciens étudiants, Clément Marion, lauréat en 2022 du Prix Jeune Photographe était sur place pour réaliser des portraits avec un Afghan box. C'est un dispositif développé par les photographes en Afghanistan pour développer des photographies en absence d'un laboratoire traditionnel. Il est constitué d'une boîte, généralement en bois, avec une fenêtre permettant la manipulation du film à l'intérieur. La manipulation du film exposé doit se réaliser dans l'obscurité. Une fois les traitements chimiques réalisés, le développement est rincé et séché.Voici les différentes expositions du Festival :Jusqu'au 1er octobre dans les jardins du Musée Paul Valéry : Felipe Fittipaldi, lauréat du Grand Prix ISEM 2022 avec EustasyJusqu’au 06 août au Centre photographique documentaire : six photographes de la Grande commande sur la France de la BNFJusqu'au 25 juin au musée ethnographique de l'Étang de Thau : Éric GARAULTJusqu'au 11 juin : Lorenzo CASTORE dans la salle TarbouriechMichel VANDEN EECKHOUDT dans la Chapelle du Quartier HautRodrigo GOMEZ ROVIRA au CycloNatela GRIGALASHVILI au Jardin Antique MéditerranéenPrix ISEM 2022Grand Prix : Felipe Fittipaldi pour sa série "Eustasy" sur le changement climatiquePrix Jeune Photographe : Clément Marion (ancien étudiant) pour sa série "Phoenix" sur les grands brûlés.Prix ISEM 2021Grand Prix : Myriam Boulos pour son projet sur le LibanPrix Jeune Photographe : Chloe Harent (ancienne étudiante) pour sa série "Le temps d’une pause".

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[ALUMNI] Exposition de François Passerini de sa série "Falaises" à Bordeaux

07 mai 2023

La série "Falaises" de François Passerini en exposition à "Arrêt sur l'image galerie" du 6 mai au 10 juin 2023.Francois Passerini est un photographe indépendant qui a étudié à l'ETPA pendant trois ans, terminant ses études en 2003. Depuis, il a connu une carrière dans le monde de l'art, travaillant dans différents studios avant de rejoindre l'atelier Zelium à Bordeaux en 2013.François aime travailler sur des projets collectifs, des commandes. Sa pratique est variée et se nourrit de ses rencontres. Il a déjà exposé à plusieurs reprises, notamment à Toulouse avec Métamorphoses I et Métamorphoses II.Passerini expose sa série de photographies intitulée "Falaises", elle met en avant son travail réalisé avec la compagnie de spectacle vivant Baro d’Evel.Baro d'EvelEst une compagnie qui possède une approche multidisciplinaire. Lors de leur représentation, ils révèlent un rêve éveillé. Sur leur scène, vous pourrez y retrouver des artistes, mais aussi des enfants, ainsi que des animaux qui ont le rôle de guide et d’observateur.L'expositionLe vernissage de la série Falaises de Passerini aura lieu le 6 mai de 14h30 à 18h30, à la galerie "Arrêt sur l'image", à Bordeaux. Cette exposition donne l'occasion de pouvoir échanger avec l'artiste. La série Falaises de Passerini est un exemple parfait de la beauté et la complexité du travail de la troupe.Depuis 2016, François Passerini accompagne les créations du duo franco-catalan, Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias, et de sa tribu. Une aventure au long cours durant laquelle il suit notamment la naissance de Là, puis Falaise, diptyque en noir et blanc où se jouent les couleurs du langage singulier inventé par la compagnie. Associé à différentes étapes des créations, François Passerini pose son regard sur un geste, une expression, un instant… et en tire une multitude de photographies, comme autant d’histoires en clair-obscur.Adèle GlazewskiLe vernissage du 6 mai à la galerie Arrêt sur l'image sera l'occasion pour le public de découvrir les dernières œuvres de l'artiste.L'exposition est disponible jusqu'au 10 juin, à "Arrêt sur l'Image Galerie", 45 cours du Médoc, 33300 Bordeaux.

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[ALUMNI] Exposition de Mathis Benestebe au théâtre Le Centquatre de Paris

14 avril 2023

A l'occasion du festival Circulation(s), Mathis Benestebe (étudiant de troisième année), expose sa série «Chimères» avec Noah AMBIEHL. Cette 13ème édition se déroule du 25 mars au 21 mai, au théâtre Le Centquatre à Paris.Le festival Circulation(s) est un festival de la jeune photographie européenne. Il est organisé par le Collectif Fetart sur 2000m2 d'expositions, ce sont 27 artistes de 14 nationalités différentes qui exposent leurs travaux.Pendant ces expositions, vous pourrez trouver d'autres événements tels que des workshop sur les sujets suivants "Comment valoriser votre projet photo ?" et "La révolution du regard". Vous pourrez aussi assister à des visites guidées."Chimères" :Chimères est le récit intime et autobiographique du couple que forment les deux photographes, Noah Ambiehl et Mathis Benestebe. Au fil de leurs images, on découvre l’être aimé à travers le regard de l’autre et la singularité de leur histoire se révèle. L’amour est ici porteur de leur affirmation individuelle, accompagnant l’expérience de la transition de genre, comme un socle et une force au quotidien. Oscillant entre brutalité et tendresse, leur approche instinctive explore les sentiments ambivalents de leur vécu. Ce travail photographique mené sur une année ancre leur histoire dans le réel, loin des fantasmes collectifs, et donne la possibilité aux deux artistes d’en réaliser la véracité."Mathis, le 29 juin 2022 :Je t’aime tellement quand tu te lèves le matin tout fatigué, quand tu observes le monde, quand tu souris, quand tu dors, je t’aime tellement quand tu parles pendant des heures (...) Je suis si heureux, heureux à en pleurer de t’avoir rencontré. Merci, merci d’être là. Merci d’être ce que tu es. Je suis triste de partir mais je reviens bientôt, pour continuer cette vie ensemble, jusqu’au bout.Noah, le 17 mai 2022 :Je ne pourrai jamais expliquer à quel point je l’aime. Mon amour ne peut se compter et pourtant je suis sûr d’une chose, c’est bien trop grand pour ne pas le vivre pour toujours.Mathis BenestebeEst un photographe de 20 ans. Né à Saint-Nazaire, il habite et étudie à Toulouse. Actuellement en troisième année d’approfondissement photographique à l’ETPA, il s’intéresse aux nouvelles approches documentaires et souhaite notamment témoigner de l’importance du souvenir dans la construction identitaire.Pour Mathis, la photographie agit comme une preuve tangible de sa propre réalité. Il est un photographe du contrôle, il aime penser et prévoir. Comme pour matérialiser au plus juste des symboles impalpables, il choisit avec attention chaque élément de ses images. C’est un rédacteur jaloux du poète, s’efforçant de trouver l’émotion là où elle se cache.(source)FetartEst porté par des valeurs fondatrices : liberté de ton, ouverture à toutes les expressions, la valorisation de la diversité photographique, le renouvellement des supports d’expression, l’audace de proposer une réflexion novatrice, l’accès à la culture et la transmission au plus grand nombre.Le Cenquatre de ParisUn lieu infini d’art, de culture et d’innovation Situé dans le 19e arrondissement, le Cenquatre-Paris est un espace de résidences, de production et de diffusion pour les publics et les artistes du monde entier.Chaque année, c’est plus de 380 équipes artistiques qui sont accueillies en résidence : plasticiens, musiciens,  danseurs, comédiens ou circassiens.

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