Note d’intention
Les commissaires de piste sont indispensables aux événements de sports mécaniques, assurant la sécurité et l’intégrité des courses. Leur travail est discret, souvent invisible. Trop souvent ignorés ou sous-estimés, ils incarnent pourtant la vigilance, le sacrifice et l’engagement. Dans l’ombre des pilotes, leur rôle de gardiens de l’ordre est primordial.
Les mots du photographe
“Pour ma série « Safety First », je me suis intéressé aux commissaires de piste. Cette série m’est venue en tête quand je suis tombé sur une statistique donnée par les organisateurs des 24h du Mans. En 2024, 186 pilotes ont pris le départ de la course. Pour assurer la sécurité en piste de ces pilotes pendant tout le week-end, 2000 commissaires de pistes bénévoles ont été déployés. J’ai été impressionné par ces chiffres. J’en suis venu à me demander qui sont vraiment ces commissaires ?
Présents sur tous les événements, que ce soit du rallye, de la course de côte ou de piste, ils sont toujours présents. Personnellement, j’ai choisi de me concentrer sur les commissaires de piste. Mon approche documentaire sur ce sujet a pour but de montrer ces bénévoles à travers le plus grand nombre de lieux géographiques possibles.
C’est vraiment un sujet que j’ai adoré faire et que je souhaite continuer. J’ai pu déjà commencer les portraits au Portugal, en Espagne et en France. C’était vraiment enrichissant de rencontrer des personnes qui ont cette même passion que moi : les sports mécaniques. Chacun(e) venait d’horizons très différents, certain(e)s étaient à la retraite, d’autres en études. Ce fut un des sujets qui a été le plus compliqué à réaliser car souvent il y avait la barrière de
la langue (surtout pour leur demander de prendre la pose) et une grande méfiance de leur part.
En plus, les règles de sécurité sont très strictes sur les circuits et souvent les commissaires n’ont pas le droit de bouger de leur poste et doivent rester focalisés sur le circuit. Ils doivent attendre l’ordre de leur supérieur pour pouvoir bouger. La majorité du temps, ils n’avaient même pas quelques minutes à m’accorder avant de devoir reprendre leur poste.
Ce qui m’a surpris et fait sourire, c’est que sur certains circuits, quand j’arrivais à faire un portrait le vendredi généralement, le samedi, la moitié des commissaires me connaissaient déjà et savaient ce que je faisais. C’est au circuit de Valencia en Espagne que cela a été le plus flagrant : j’y ai rencontré le vendredi Candido, un commissaire de piste mais aussi « artiste » à ses heures perdues. Il n’avait pas voulu que je le prenne en photo le vendredi mais il voulait absolument que je revienne le samedi. Avant de partir, il a voulu faire une photo de moi. Le samedi, je continuais mes sujets autour du circuit quand soudain tous les commissaires de piste m’ont regardé étrangement et m’ont tous interpellé en me disant : « Toi là, tu dois aller au poste 3 des commissaires ! ». J’ai dû traverser tout le circuit à pied pour me rendre à ce poste ; je savais que c’était celui de Candido. En arrivant, il était cette fois-ci avec son collègue pour faire les photos, et surtout, entre temps, il m’avait dessiné en portrait caricaturé pour que je garde un souvenir de mon voyage… ! J’ai été vraiment touché par son geste et très reconnaissant d’autant plus que tous les commissaires du circuit avaient une caricature faite par lui et j’étais le premier et seul photographe à en recevoir une aussi. Quel privilège et honneur ! “





